Vue vers l'ouest du clocher de l'église de la municipalité de Lotbinière (voir l'orginal)
Photo 1189 - SPHSL

Lotbinière

Histoire de la seigneurie

La seigneurie de Lotbinière est l’une des rares – sinon la seule – dont le territoire ait été maintenu presque intact pendant trois siècles (de 1672 à 1967) entre les mains des descendants d’une même famille, à travers deux branches, les Chartier et Joly de Lotbinière.

René-Louis Chartier de Lotbinière devient en 1672, le premier seigneur de Lotbinière, territoire correspondant aux limites actuelles de Saint-Louis de Lotbinière. Les agrandissements de 1685, 1686 et 1693 firent tripler l'étendue de la seigneurie. Ce premier seigneur, comme propriétaire terrien et entrepreneur de peuplement, concède les premières terres à l'embouchure de la rivière du Chêne et les terres voisines du Platon. Ainsi, en 1681, seulement onze (11) censitaires sont établis dont huit (8) familles composées de cinquante-cinq (55) personnes formant, en y ajoutant les trois (3) célibataires, une population globale de cinquante-huit (58) âmes. Le nouveau seigneur semblait être peu pressé de s'établir sur sa terre, condition imposée aux titulaires de seigneurie. Ce ne sera qu'aux alentours de 1830 que la seigneurie de Lotbinière verra son seigneur s'établir sur ses terres.

Parmi les premiers colons qui se sont établis ici avant l’an 1700 et qui ont laissé des descendants, on remarque :

  • Pierre Lapointe dit Tousignant (ancêtre aussi des familles Vaudreuil et Noël)
  • Michel Lemay, qui a laissé une marque profonde dans la paroisse.
  • Jean Beaudet, une première famille des plus prospères.
  • Jean Hamel, qui a laissé de nombreux descendants.
  • Daniel de Nevers, ancêtre des Boisvert.
  • Jean Pérusse (c’est sur sa terre qu’a été construite l’église actuelle)
  • Louis Augé dont le fils a possédé le 1er moulin à scie.

En 1709, Louis-Eustache Chartier devient le deuxième seigneur de Lotbinière. L'année 1723 améliorera le sort des censitaires par le premier chemin verbalisé de la seigneurie. De plus, l'acte d'aveu et de dénombrement de 1724 révèle qu'il y avait déjà un commencement de colonisation dans l'arrière-pays.

Selon les dires du Seigneur, il y aurait eu sur son domaine une église et un presbytère, une maison de colombages, une étable et un « moulin à eau faisant farine ». Le nombre de censitaires s'élève à cinquante et un (51).

Moulin du Portage avant l'incendie

Moulin du Portage avant l'incendie
Photo 1094 - SPHSL

De son temps, un événement remarquable se passe. Devenu veuf en avril 1723, Monsieur de Lotbinière décida d'embrasser l'état ecclésiastique dans les années qui suivirent. On le retrouvera donc prêtre, doyen de l'église cathédrale et conseiller au Conseil Supérieur de Québec.

À sa mort en 1749, son fils Michel deviendra seigneur de Lotbinière.

Eustache-Gaspard-Alain Chartier de Lotbinière deviendra le quatrième seigneur en 1770 et sera celui qui déploiera le plus d'efforts au développement de sa seigneurie. Il vient en personne visiter son domaine, chose rare du temps de ses prédécesseurs. Notons que ce seigneur avait une résidence secondaire à Montréal et habitait à Vaudreuil puisqu'il avait acheté de son père l'ensemble des seigneuries (Vaudreuil, Rigaud-Vaudreuil (Beauce), Beauharnois) que ce dernier avait acquis lors de son séjour en France.

Tout comme les premiers seigneurs qui n'habitèrent jamais la seigneurie de Lotbinière, mais plutôt Québec, Eustache Gaspard-Alain Chartier de Lotbinière, de passage à sa seigneurie, logeait habituellement chez son chargé d'affaires.

Selon les dires du Seigneur, vers 1814, il y avait à peu près cinq cent quatre-vingts (580) terres, dont quatre cent cinq (405) en bonnes cultures. La population de cet endroit peut être de 1,750 hommes et 1,650 femmes pour un total de 3,400 âmes... Il ajoute qu'il y a six (6) moulins à scie appartenant à des particuliers et six (6) « potasses ». En 1817, le moulin à farine du Portage verra le jour et déjà à cette époque, il y avait fabrication à grande échelle de produits de l'érable. Sous ce règne arriveront des colons qui commenceront le défrichement entre autres des rangs St-Charles et Rivière Bois Clair.

Ce quatrième seigneur meurt en 1822 et sa fille Julie Christine héritera de la seigneurie de Lotbinière.

Julie-Christine Chartier de Lotbinière (19 ans) épouse en 1828, un Suisse, Pierre-Gustave Joly. C'est au cours d'un voyage au Canada, pour des raisons commerciales, qu'il noue des relations amicales avec la famille Chartier de Lotbinière. Pierre Gustave Joly sera l'administrateur de la seigneurie et Julie Christine, la Seigneuresse. Ce sera le premier couple seigneurial à demeurer sur la seigneurie. Après avoir habité quelques années la maison d'un de ses censitaires, il fera construire en 1840, le manoir de la Pointe-Platon sur un terrain acquis des Dames Ursulines.

Manoir du Domaine Joly-De Lotbinière

Manoir du Domaine Joly-De Lotbinière
Photo 983 - SPHSL

L'abbé Édouard Faucher, alors curé de Lotbinière, nous apprend dans son rapport annuel de 1854, que Lotbinière contenait 3,375 âmes, soit quatre cent soixante-dix (470) familles 2,144 communiants et il ajoute qu'il y avait quinze (15) écoles fréquentées par quatre cent cinquante-huit (458) élèves.

Sur la seigneurie pendant cette période, un moulin à scie est construit à l'embouchure de la rivière du Chêne (Ste-Emmélie), une fonderie verra le jour, ainsi qu'une compagnie de bateaux à vapeur.

Julie-Christine seigneuresse de Lotbinière décède en 1887 à l'âge de 77 ans.

En 1860, Henri-Gustave Joly devient propriétaire de toutes les seigneuries. À partir de 1861, ce sixième seigneur entreprend une carrière politique qui se terminera en 1906. Sa tâche seigneuriale se trouvait de beaucoup diminuée depuis 1854 avec l'abolition de la tenure seigneuriale. Par cette abolition, la famille Joly bénéficia ainsi de la propriété de toutes les terres non concédées et d'une rente annuelle payable par le trésor de la Province.

En 1862, la paroisse Saint-Louis de Lotbinière donne naissance à deux (2) nouvelles paroisses: Saint-Edouard et SainteEmmélie de Leclercville. D'après le recensement fait par le gouvernement provincial en 1871, la population atteignait 4,447 âmes réparties comme suit :

Saint-Louis de Lotbinière: 2,129 âmes
Saint-Édouard: 1,197 âmes
Sainte-Émmélie de Leclercville: 1,131 âmes

Henri-Gustave Joly, après le décès de sa mère Julie Christine, dernière représentante de la famille Chartier de Lotbinière fera une demande auprès du gouvernement pour l'autoriser à joindre le titre de Lotbinière au nom familial de Joly.

Grâce à lui, aujourd'hui encore, nous parlons de la Seigneurie Joly de Lotbinière. Il décède en 1907 à l'âge de 79 ans.

Edmond-Gustave Joly de Lotbinière lui succède en 1908. Avec lui, débute une nouvelle activité économique sur son domaine, celle de la mise en valeur de la forêt créée par le besoin de bois de construction et de traverses de chemin de fer.

Une indisposition subite l'enlève à l'affection de sa famille et de ses censitaires en 1911 à l'âge de 52 ans au manoir de la Pointe Platon. Il était seigneur de Lotbinière depuis trois (3) ans seulement.

En 1911, un nouveau seigneur, Alain Joly de Lotbinière. Ce dernier continue l'exploitation forestière sur le domaine seigneurial. C'est ainsi que naîtront Saint-Janvier-de-Joly et Saint-Edmond de Val-Alain.

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