Vue vers l'ouest du clocher de l'église de la municipalité de Lotbinière (voir l'orginal)
Photo 1189 - SPHSL

Hébert

par Claude Crégheur

Peu d’Acadiens ont peuplé le territoire de Lotbinière mais les Hébert ont laissé une descendance encore présente chez-nous. Ils se sont installés dans le rang Saint-Michel (aujourd’hui Leclercville). Ayant fui pendant la déportation de 1755, ils se sont réfugiés, avec bien d’autres familles, dans l’île St-Jean (Île-du-Prince-Édouard). Une famine s’étant déclarée en 1757, le gouvernement français fit transporter environ 1500 familles à Québec. Au printemps 1758, suite à une épidémie de petite vérole, on les dispersa dans différentes paroisses le long du fleuve.

Joseph Hébert et son épouse Marie Chiasson (Giasson) se sont retrouvés à Champlain. Ils y font baptiser une fille prénommée Marie-Josephe le 19 mars 1763. Ils arrivent à Lotbinière entre 1766 et 1770. Ils retrouvent de leurs patriotes acadiens tels les Bernard, les Arsenault, les Pendelet dit Plaisance, les Gaudet et les Girouard. Joseph et Marie marient 3 enfants à Lotbinière soit Marie-Christine avec Guillaume Mailhot en 1774, Pierre avec Jeanne Bernard en 1779 et Jacques avec Angélique Bernard en 1780. Les Bernard étaient déjà à Lotbinière en 1764. Ils avaient fui l’Acadie au moment de la déportation car ils sont à Québec en 1756.

Le couple Hébert-Chiasson s’était marié à Beaubassin le 17 août 1740. Joseph Hébert est décédé à Deschaillons le 17 février 1803 et son épouse Marie Chiasson le 9 novembre 1809 à St-Pierre-les-Becquets.

Alors qui sont ces Acadiens Joseph Hébert et Marie Chiasson ?

Joseph Hébert est né vers 1720 possiblement à Grand-Pré où ses parents, Jacques Hébert et Jeanne Gautrot, s’étaient mariés en 1701. Il était le frère de Madeleine qui avait épousé Paul Arsenault (Abraham & Jeanne Gaudet) à Beaubassin (Acadie) le 28 juillet 1732. Ces derniers étaient aussi venus à Québec où on les retrouve en 1757. Ils sont passés par Lotbinière mais sans s’y fixer. Ces Acadiens qui sont passés et, pour certains, qui sont restés à Lotbinière, étaient plus ou moins parents; Michel Gaudet & Madeleine Arsenault; Jean Bernard & Françoise Richard dont la sœur Jeanne Bernard avait épousé Jacques Hébert, frère de Joseph. Les ancêtres Hébert provenaient de Martaizé dans le département de la Vienne en Poitou-Charentes.

Quant à Marie Chiasson, elle était la fille de Jacques Chiasson et Marie-Josette Arsenault qui s’étaient mariés le 10 janvier 1719 à Beaubassin (Acadie). Elle était née vers 1720 car on déclare qu’elle avait 89 ans lors de son décès en 1809. Les Chiasson étaient de la région de La Rochelle dans l’ancienne province de l’Aunis.

La descendance Hébert dans Lotbinière a d’abord été assurée par le mariage de Jacques avec Angélique Bernard, fille de Jean et Françoise Richard, le 16 octobre 1780 à Lotbinière. Son frère Pierre, qui avait épousé Jeanne Bernard le 15 novembre 1779 à Lotbinière, n’a pas eu de descendance. Jeanne Bernard était veuve de Pierre Hébert (fils de Jacques Hébert et Anne Arsenault). Ce premier mariage avait eu lieu le 25 janvier 1755 à Beauséjour (Acadie).

On compte 11 enfants au couple Jacques Hébert-Angélique Bernard. Seul Pierre-Firmin a assuré la descendance mâle de par son mariage avec Geneviève Hamel. 

Plusieurs années plus tard, on voit arriver un nouveau couple Hébert dans Lotbinière, il s’agit d’Ambroise Hébert et Marie Poirier. Ambroise est le fils de Jacques Hébert et Anne Arsenault, donc neveu de Joseph Hébert.


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Ambroise Hébert est né vers 1750 et n’avait donc que 5 ans lors de la Déportation qui a débuté en 1755. D’abord déportés à Savannah dans l’état de la Georgie où ils débarquèrent au début décembre 1755, Jacques et Anne doivent passer un premier hiver sur une terre bien étrangère. Le printemps suivant, ils quittèrent cette terre, sur l’ordre du gouverneur qui ne voulait pas d’eux, et aboutirent à Sandwich dans le sud du Massachusetts. On distribua les familles dans les villages des alentours et les Hébert se retrouvèrent à Dartmouth. Ils y demeurèrent 7 ans. Suite au Traité de Paris en 1763, les familles purent revenir dans les possessions françaises et c’est comme ça qu’ils se sont retrouvés à l’Île de Miquelon. Terre de misère, ils ne peuvent subsister que par la pêche.    


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Mariés dans l’Île de Miquelon le 11 janvier 1774, Ambroise et Marie durent de nouveau s’exiler, cette fois c’est à La Rochelle en France qu’ils se sont retrouvés à l’automne 1778 suite à un nouveau conflit en la France et l’Angleterre. Suite au Traité de Versailles en 1783, ils purent revenir en Amérique, de nouveau à Miquelon. Pendant ce temps, plusieurs enfants sont nés. Son père, Jacques Hébert, est décédé à La Rochelle le 28 juin 1779. Quant à sa mère Anne Arsenault, elle est décédée à Miquelon le 7 octobre 1784.

Ils semblent arriver à Lotbinière vers 1789/1790 car un premier baptême est enregistré à Lotbinière le 16 septembre 1790. D’autres enfants ont suivi dont Pierre (1792), Pélagie (1795) et David (1799). Les trois enfants aînés de la famille étaient nés à Miquelon soit Louis (1775), Marie-Rosalie (1776) et Joseph (1778). Jean-Baptiste (1781) et Victoire (1783) sont nés à La Rochelle. Finalement, deux autres enfants sont nés à Miquelon soit Modeste-Victoire (1785) et Louis-Ambroise (1788).

Ambroise est décédé à Lotbinière le 10 février 1804 âgé de 55 ans. Marie Poirier est décédée le 5 juillet 1843 à Lotbinière âgée de 89 ans. Elle était la fille de Claude Poirier et Marguerite Cyr et était née vers 1754 probablement à Beaubassin. Cette famille Hébert a porté le surnom de Miclon dû à leur origine de l’île de Miquelon. Ambroise avait sûrement une certaine instruction car il savait signer son nom comme on peut le voir lors du baptême de sa fille Marguerite en 1790 :

La descendance Hébert dans Lotbinière et Leclercville est due à plusieurs mariages; d’abord celui de Joseph avec Françoise Bernard le 13 janvier 1807. C’est l’ancêtre de Chéri, Eleusippe et Antoine Hébert. Ensuite on a le mariage de Pierre avec Julie St-Onge le 8 février 1814. Il s’est remarié à Félicité Beaudet dit Ducap le 7 juillet 1840. Cette famille est partie s’établir à Deschailllons. Finalement ce fut le mariage de Jean-Baptiste avec Véronique Marcotte le 9 août 1814. Louis-Ambroise est décédé à l’âge de 23 ans lors d’affrontements dans la guerre de 1812 avec les Américains. Du côté des filles, Marie-Rosalie se maria, une première fois, à Joseph Bélanger le 9 janvier 1810 et en secondes noces à François Lemay dit Poudrier le 17 juillet 1817. Modeste-Victoire épousa Pierre Bélanger, le frère de Joseph, le 27 juillet 1807. Pélagie resta célibataire.

Élisabeth dite Élise Hébert, fille d’Eleusippe Hébert et de Césarine Bernard et arrière-petite-fille de Joseph Hébert et de Françoise Bernard. Elle est née le 20 septembre 1884 à Ste-Emmélie (Leclercville). Elle a épousé Agapit Lemay le 8 janvier 1912 dans la même paroisse. Elle est décédée le 28 mars 1979. 

 

 

 



Photo 680 PHSL

Références

Le grand arrangement des Acadiens au Québec, Adrien Bergeron, Éditions Élysée, 1981

Histoire de notre famille, Georges Hébert, prêtre, Lévis, 1964

Banque iconographique de la Société Patrimoine et histoire des seigneuries de Lotbinière (PHSL)

www.ancestry.ca

www.genealogiequebec.com

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