Vue vers l'ouest du clocher de l'église de la municipalité de Lotbinière (voir l'orginal)
Photo 1189 - SPHSL

Benoit dit Abel (Habel)

par Claude Crégheur

Nous avons ici le cas où un prénom est devenu patronyme. L’ancêtre de tous les Abel/Habel s’appelait Abel Benoist et provenait de St-Hermand, évêché de Luçon en France. Cette commune a été fusionnée avec Ste-Hermine en 1808.

La forteresse s’appelait en ce temps-là, la tour et/ou château de Saint-Hermand. En effet, la seule église du bourg, était dédiée à Sancti Hermetis (Saint Hermand). Il reste quelques vestiges de cette petite église, situés place Clemenceau.

Bien des années plus tard, au XIVe siècle, la chapelle du château fut érigée en paroisse, sous le vocable de Sainte-Hermine. Ce changement de saint patron fut effectué par le seigneur du château, pour une raison que l’on ignore. Le bourg le plus proche du château prit donc le nom de Sainte- Hermine et la partie du bourg la plus éloignée garda le nom de Saint-Hermand. Il fallut attendre la Révolution pour voir la ville de nouveau réunie. En effet, la commune de Saint-Hermand disparut le 5 Fructidor an VIII, (le 24 août 1800). Un décret impérial la raya de l’existence.

On ne connait pas sa date d’arrivée en Nouvelle-France mais il a épousé Marthe Pointel, une Fille du Roy, originaire de St-Symphorien, évêché de Tours en Touraine, le 9 novembre 1665 à Château-Richer. 

Ils ont eu 5 enfants entre 1666 et 1674 alors que Marthe décéda suite à l’accouchement du dernier enfant. Ce sont Jeanne (1666), Jeanne (1670), Pierre (1671), Marie (1673) et Noël (1674). Entre 1666 et 1670, la famille déménagea à Ste-Famille, Île d’Orléans. La descendance ne fut assurée que par le mariage de Pierre à Marie Dionne (Antoine & Catherine Ivory) le 9 novembre 1694 à Ste-Famille, I.O. 

Marthe Pointel est décédée le 10 septembre 1674 âgée seulement de 33 ans alors qu’Abel Benoist est décédé le 4 décembre 1687 âgé de 63 ans.

Pierre Benoist et Marie Dionne ont quitté l’Île d’Orléans entre 1704 et 1707 pour aller s’installer à Cap-Santé. Un peu plus tard, la famille s’est installée à Deschambault et c’est là qu’on voit apparaître dans les registres le patronyme Abel avec Pierre Benoist comme prénom. Neuf filles se marièrent entre 1720 et 1731 à Deschambault et Neuville :

Marie-Anne née le 26 juillet 1695 à Ste-Famille, Île d’Orléans. A épousé Jean Champagne le 11 novembre 1715 à Deschambault.

Marie-Angélique née le 23 janvier 1697 à Ste-Famille, Île d’Orléans. A épousé Jean Denevers dit Boisvert le 22 juillet 1725 à Deschambault.

Marguerite née le 29 juin 1699 à Ste-Famille, Île d’Orléans. A épousé Louis Chaillé le 23 septembre 1720 à Deschambault.

Geneviève née le 29 juin 1701 à Ste-Famille, Île d’Orléans. A épousé Jean-Baptiste Perron le 30 octobre 1724 à Deschambault.

Angélique née le 7 juin 1704 à Ste-Famille, Île d’Orléans. A épousé Joseph Biron le 27 juillet 1723 à Deschambault.

Marie-Josephe née le 10 avril 1707 à Cap-Santé. A épousé Jean Chaillé le 14 novembre 1729 à Deschambault.

Marie-Louise née le 7 mars 1709 à Cap-Santé. A épousé Ignace Constancineau le 6 février 1730 à Neuville.

Élisabeth-Ursule née le 15 janvier 1711 à Cap-Santé. A épousé Claude Nau le 11 juillet 1729 à Deschambault.

Catherine née le 26 mars 1713 à Deschambault. A épousé René Nau le 23 avril 1731 à Deschambault.

Jean-François né le 4 mai 1715 à Deschambault. A épousé Marguerite Marcotte le 6 novembre 1739 à Deschambault.

NB Il pourrait avoir confusion entre les 2 filles prénommées (Marie) Angélique car nous avons 1 mariage sous le prénom de Marie-Angélique et 1 mariage sous le seul prénom de Marie. Les âges déclarés lors de leurs décès portent aussi à confusion car Marie, épouse de Jean Denevers est décédée en 1730 âgée de 30 ans donc née en 1700; et Marie-Angélique, épouse de Joseph Biron, est décédée en 1733 âgé de 30 ans donc née en 1703. 

Pierre Benoist dit Abel est décédé le 31 décembre 1724 alors que son épouse Marie Dionne est décédée le 9 février 1736, tous les deux à Deschambault. 

Il est intéressant de voir la signature de Pierre Benoist lors du mariage de sa fille Marguerite en 1720 

Finalement, c’est le dernier de la famille, prénommé Jean-François, qui s’est marié le 6 novembre 1739 avec Marguerite Marcotte, qui va donner suite à la descendance avec leurs 12 enfants. Ils ont toujours demeuré à Deschambault. 

C’est par le mariage de leur fils François à Marie-Charlotte Gauthier (Augustin & Marie-Charlotte Hamel) le 11 novembre 1776 à Ste-Croix qu’on voit arriver les Abel sur la rive sud. Les 2 premiers enfants sont baptisés à Deschambault mais la famille semble déménager à Lotbinière vers 1780/81 car une fille, Marie-Charlotte, y est baptisée le 14 juin 1781. C’est aussi le curé de Lotbinière Jean-Baptiste Gatien qui ajoute la lettre H au patronyme Abel ce qui donnera naissance aux familles Abel et Habel. Le couple Abel-Gauthier a eu 14 enfants. Marie-Charlotte Gauthier n’a pas eu la chance de voir grandir tous ses enfants étant décédée le 13 décembre 1805 à Lotbinière âgée de 49 ans (née 31 mai 1756 à Ste-Croix). Moins de 2 ans plus tard soit le 29 septembre 1807, François se remariait à Marie-Roger Blanchette, fille de Pierre Blanchette et Marthe Cloutier de St-Roch-des-Aulnaies, avec il a eu 3 autres enfants. François est décédé à Lotbinière le 2 octobre 1833 et Marie-Roger est décédée le 19 septembre 1846 à Lotbinière également.

C’est ainsi que les familles Abel et Habel vivent à Lotbinière et les environs depuis plusieurs générations. 

Wilfrid Abel (Philias & Célarine Boucher) et Cécile Beaudet (Ernest & Ernestine Vidal)  se sont mariés le 26 juin 1923 à Lotbinière. 

Lors du 25e anniversaire de leur mariage, le seigneur Alain Joly-de-Lotbinière et son fils Edmond, étaient présents aux festivités comme en font foi ces découpures tirées de la revue The Standard, édition du 31 juillet 1948:

Léandre Abel, constructeur de bateaux

Léandre Abel (1821-1908) était le fils de David Abel et Cécile Auger, il avait épousé Marie-Josephe Bélanger (1826-1911), fille de Joseph Bélanger et Catherine Lemay, le 13 février 1855 à Lotbinière. 

Il construisit quatre bateaux : le « Petit Lotbinière », le « Marie-Louise », le «Lotbinière» et le «St-Louis» (photo ci-dessous). Il mit ce vapeur à aube au service de la population pour les voyages à Québec au prix modique de 50 ¢ et à Montréal pour 1 $. Cela ne permit pas de faire fortune. Il acheta un cinquième bateau qui brûla au quai et acheva de le ruiner. N’empêche qu’il fut navigateur toute sa vie durant. Son fils Mathias (1856-1897) en fut le capitaine.


PHSL photo 846 Le «St-Louis»

Références :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Sainte-Hermine
www.ancestry.ca
www.genealogiequebec.com
St-Louis-de-Lotbinière 1724-1974
Banque iconographique de la société Parimoine et histoire des seigneuries de Lotbinière (PHSL)


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